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Demain Les Kids

les charognards titubent au-dessus des couveuses
& croassent de lugubres & funèbres berceuses
kill the kid

pendant que nos sorcières sanitaires & barbues
centrifugent nos clones au fond de leurs cornues
kill the kid

dans les ruines de l’école où brûle un tableau noir
une craie s’est brisée en écrivant espoir
kill the kid

déjà les mitrailleuses ont regagné leurs nids
seule une mouche bourdonne sur la classe endormie
kill the kid

les guerriers de l’absurde & de l’enfer affrontent
les délices de la mort sous le fer de la honte
kill the kid

beyrouth aéroport ou mozambic city
le sang des tout-petits coule aux surprises-parties
kill the kid

sacrifiez les enfants, fusillez les poètes
s’il vous faut tout ce sang pour animer vos têtes
kill the kid

s’il vous faut tout ce sang pour jouir à vos fêtes
sacrifiez les enfants, fusillez les poètes
kill the kid

quelque épave au regard usé par le délire
poursuit dans sa folie le chant d’un enfant-lyre
kill the kid

& dans ses yeux squameux grouillant de noires visions
le désir se transforme en essaim de scorpions
kill the kid

petite poupée brisée entre les mains salaces
de l’ordure ordinaire putride & dégueulasse
kill the kid

tu n’es plus que l’otage, la prochaine victime
sur l’autel écœurant de l’horreur anonyme
kill the kid

sacrifiez les enfants, fusillez les poètes
s’il vous faut tout ce sang pour animer vos têtes
kill the kid

s’il vous faut tout ce sang pour jouir à vos fêtes
sacrifiez les enfants, fusillez les poètes
kill the kid

les charognards titubent au-dessus des couveuses
& croassent de lugubres & funèbres berceuses
kill the kid

pendant qu’un abraham ivre de sacrifices
offre à son dieu vengeur les sanglots de son fils
kill the kid

mais l’ovule qui s’accroche au ventre de la femme
a déjà mis son casque & sorti son lance-flamme
kill the kid

attention monde adulte inutile & chagrin
demain les kids en armes, demain les kids enfin
demain les kids

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Pogo Sur La Deadline

je t’ai connu par erreur aux heures des fins de parties
devant le souterrain où j’garais mon ovni
couché dans des renvois de bière & de bretzel
t’essayais de demander du feu à un teckel
mais quand je t’ai vu marcher à côté de tes rangers
en pleine éclipse mentale & mouillant tes pampers
j’ai sorti mes kleenex & mon mercurochrome
pour mettre un peu d’couleur sur ta gueule de fantôme

je m’souviens de ton rire hideux dans les couloirs
tes mains de chimpanzé accrochées au comptoir
& tes yeux révulsés contemplant le chaos
de ton crâne émoussé bouffé par ton ego
j’ai ressoudé ton jack, changé ton émetteur
raccordé ton cerveau à l’égout collecteur
réinjecté du fuel à travers tes circuits
avant que tu remettes les bouts vers le bout de la nuit

pogo sur la deadline
rhapsodie cannibale
requiem à gogo
pour le repos du mal
dans l’âme d’un animal
qui retourne au niveau zéro

je t’ai revu plus tard en pénible bavard
quand tu polémiquais, mickey des lupanars
j’étais mort en voyant la cour d’admirateurs
qui venaient respirer tes ignobles vapeurs
traînant ta charisma de canaille en bataille
comme un wimpy moisi sur un épouvantail
tu pouvais embuer la vision la plus saine
de ton haleine de hyène obscène & noire de haine

pogo sur la deadline
rhapsodie cannibale
requiem à gogo
pour le repos du mal
dans l’âme d’un animal
qui retourne au niveau zéro

& puis tu as rompu avec tous les miroirs
qu’auraient pu t’émouvoir d’un éclair transitoire
& t’es mort vieux cafard sans chercher d’alibi
juste en puant du groin, du cœur & des branchies
mais j’crois que tu t’es planté toi le brillant reptile
sous ton masque visqueux de cloporte inutile
t’oubliais que les touristes ont besoin de craigneux
pour se sentir moins seuls quand ils sont trop baveux

pogo sur la deadline
rhapsodie cannibale
requiem à gogo
pour le repos du mal
dans l’âme d’un animal
qui retourne au niveau zéro

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Un Automne A Tanger  (Antinoüs Nostalgia)

lui, sous la pluie
d’un automne à tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingué
lui, dans sa nuit
d’un automne à tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée

nous venions du soleil
comme des goélands
les yeux fardés de ciel
& la queue dans le vent
mais nous nous sommes perdus
sous le joug des terriens
dans ces rades & ces rues
réservés au pingouins

lui, sous la pluie
d’un automne à tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingué…

les vagues mourraient blessées
à la marée sans lune
en venant féconder
le ventre des lagunes
& nos corps écorchés
s’immolaient en riant
sous les embruns glacés
d’une chambre océan

lui, dans sa nuit
d’un automne à tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée …

d’ivresse en arrogance
je reste & je survis
sans doute par élégance
peut-être par courtoisie
mais je devrais me cacher
& parler à personne
& ne plus fréquenter
les miroirs autochtones

lui, sous la pluie
d’un automne à tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingué
lui, dans sa nuit
d’un automne à tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Caméra Terminus

sous les porches moisis
des cités englouties
la dernière ambulance
s’englue dans le silence
enfin seuls
odeurs gélatineuses
de chairs moites & lépreuses
parfums de fièvre jaune
de cyanure & d’ozone
enfin seuls
nous sommes seuls
dans le vent
survivants
mort-virus / terminus

au pied des temples usés
des statues délabrées
le fleuve roule sa semence
limoneuse & gluante
enfin seuls
silhouette vaporeuse
dans la lumière cendreuse
du matin-crépuscule
t’arraches mon ventricule
enfin seuls
nous sommes seuls
dans le vent
survivants
mort-virus / terminus
omnibus morbidus gaudeamus !

enfin seuls
sur cette planète qui grince
dans le froid qui nous pince
enfin seuls
tu te rinces les méninges
en caressant mon singe
enfin seuls

jardins métalloïdes
noyés de larmes acides
où la lune en scorpion
fait danser ses démons
enfin seuls
amants-conquistadors
sur le terminator
plus de voix qui déconnent
au bout des taxiphones
enfin seuls

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

542 Lunes Et 7 Jours Environ

la terre est un macdo recouvert de ketchup
où l’homo cannibale fait des gloups & des beurps
où les clowns en treillis font gémir la musique
entre les staccatos des armes automatiques
j’y suis né d’une vidange de carter séminal
dans le garage intime d’une fleur sentimentale
quand j’ai ouvert les yeux la lumière vagabonde
filait à 300 000 kilomètres à la seconde
j’ai failli me tirer mais j’ai fait bof areuh
j’suis qu’un intérimaire dans la continuité de l’espèce & coucou beuh
… coucou beuh !

542 lunes & 7 jours environ
que je traîne ma carlingue dans ce siècle marron
542 lunes & 7 jours environ
& tu vois mon amour, j’suis toujours aussi con

une fille dans chaque port & un porc qui sommeille
dans chaque salaud qui rêve d’une crampette au soleil
& les meufs ça couinait juteuses & parfumées
dans le bleu carnaval des printemps cutanés
j’en ai connu des chaudes à la bouche animale
à genoux dans les toilettes ou dans la sciure des stalles
hélas pour mon malheur j’en ai connu des pires
qui voulaient que j’leur cause en mourant d’un soupir
& puis je t’ai connue mais j’vais pas trop charrier
attendu que je suis lâche & que ton flingue est chargé
oh ma sweet yéyéyé ! sweet lady !

542 lunes & 7 jours environ
que je traîne ma carlingue dans ce siècle marron
542 lunes & 7 jours environ
& tu vois mon amour, j’suis toujours aussi con

la geisha funéraire s’tape des rassis crémeux
chaque fois que j’raye un jour d’une croix sur mon pieu
pourtant j’contrôle mes viandes, je surveille mes systoles
& me tiens à l’écart des odeurs de formol
mais un jour faut partir & finir aux enchères
entre les gants stériles d’une sœur hospitalière
& je me vois déjà guignol au petit matin
traînant mon vieux flight-case dans le cimetière des chiens
oh meine kleine mutter mehr licht !

542 lunes & 7 jours environ
que je traîne ma carlingue dans ce siècle marron
542 lunes & 7 jours environ
& tu vois mon amour, j’suis toujours aussi con

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Zoo Zumains Zébus

je regarde passer les zumains de ma rue
un peu comme on reluque au zoo les zébus
triés, normalisés, fonctionnels, uniformes
avec leurs initiales gravées sur leurs condoms
& je cherche un abri sur une étoile occulte
afin d’me tricoter des œillères en catgut
je m’arracherais bien les yeux mais ce serait malveillance
vu que j’ai déjà vendu mon cadavre à la science

je n’ai pas la frite (bis)
repasse me voir demain lady !

plus de mur à berlin pour justifier ma honte
quand je reviens bourré dans mes baskets en fonte
& çui de jérusalem est trop loin du bistrot
pour que je m’y liquéfie en chagrin lacrymo
mais loin de moi l’idée d’être irrévérencieux
& d’flinguer les chimères qui rendent le monde heureux
chacun sa religion, chacun son parachute
& je mets mon foulard quand j’vais à la turlute

je n’ai pas la frite (bis)
repasse me voir demain lady !

j’écoute la mode en boîte sur mon ghetto-blaster
dans le joyeux ronron quotidien des horreurs
pas la peine de s’en faire il suffit d’oublier
demain j’serai funky, rastaquouère & blindé
à part ça tout va bien comme dit schopenhauer
pendant la durée des travaux je reste ouvert
j’imaginerai sisyphe gonflé aux anabos
en train de faire sa muscu dans la cage aux héros

je n’ai pas la frite (bis)
repasse me voir demain lady !

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Portrait De Femme En 1922

je t’ai rencontrée une nuit
au détour d’un chemin perdu
qui ne conduisait nulle part
où tu te tenais immobile
en équilibre sur un fil
tendu au-dessus du hasard
& lorsque je t’ai demandé
qui tu étais, d’où tu venais
tu m’as répondu d’un regard :
tu sais, je n’suis qu’effluve
& je reviens d’ailleurs…
plus tard dans un coin de bistrot
devant un billard électrique
tu m’as montré ta déchirure
tu m’as dit d’étranges paroles
qui volaient comme des chauves-souris
au milieu de ta chevelure
elles me parlaient d’inconnu
de mystérieux chemins cachés
qui montaient au-delà des murs
d’un ténébreux voyage (bis)
tu cherches au-delà des frontières
un miroir ou un cœur ouvert
pour y projeter tes phantasmes
sautant d’une plateforme d’autobus
tu prends le premier train rapide
pour marseille ou pour amsterdam
juste une pièce dans un taxiphone
mon tendre amour ne m’attends pas
ce soir je ne rentrerai pas
& tu reprends ta route
ton ténébreux voyage…

… un jour ou l’autre tu reviens
un peu comme au sortir d’un rêve
dans l’inconscience du matin
les traits tirés par la fatigue
la tête creuse, le regard vide
tu ne sais plus ce qui se passe
& tu ne comprends plus
tu ne comprends plus rien…
le temps de te refaire les yeux
de prendre un bain & de m’aimer
tu repenses à d’autres visages
noyée au fond d’un verre d’alcool
tu me demandes une cigarette
& me dis d’un air un peu vague :
mon tendre amour ne m’en veux pas
tu sais je ne suis à personne
demain il faut que je reparte
& tu reprends ta route
ton ténébreux voyage…

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Misty Dog In Love

je te veux dans ma nuit
je te veux dans mon brouillard
je te veux dans ma pluie
je te veux dans mon blizzard
je te veux fauve & captive
écartelée dans ma geôle
je te veux chaude & lascive
glamoureuse & sans contrôle

je te veux sur ma route
je te veux dans mes errances
je te veux dans mes doutes
je te veux dans mes silences
je te veux en amazone
à cheval sur ma monture
je te veux quand j’abandonne
ma racine à ta blessure
je te veux dans la spirale
de tes abîmes éclatants
je te veux dans les annales
de ton féminin troublant

je te veux dans le feu
taciturne des étoiles
je te veux dans le jeu
des vagues où s’enfuient nos voiles
je te veux vamp & rebelle
bouillonnante & sans pudeur
je te veux tendre & cruelle
sur mon sexe & dans mon cœur
je te veux dans l’opéra
silencieux de mes planètes
je te veux dans le magma
où se déchire ma comète

je te veux dans ma nuit
je te veux dans mon brouillard
je te veux dans ma pluie
je te veux dans mon blizzard
je te veux dans le sulfure
de mes galeries inconscientes
je te veux dans l’or-azur
de mes envolées d’atlante
je te veux dans la lumière
de mes soleils suburbains
je te veux dans la prière
des dieux suppliant l’humain

je te veux dans ma nuit
je te veux dans mon brouillard
je te veux dans ma pluie
je te veux dans mon blizzard
je te veux fauve & captive
écartelée dans ma geôle
je te veux chaude & lascive
entrouverte & sans contrôle

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine

Villes Natales Et Frenchitude

clichés de poubelles renversées
dans la neige au gris jaunissant
où un vieux clébard estropié
renifle un tampon sanguinolent
givré dans la nuit de noël
un clocher balbutie son glas
pour ce pékin dans les ruelles
qui semble émerger du trépas
il vient s’arrêter sur la place
pour zoomer quelques souvenirs
fantômes étoilés de verglas
qui se fissurent & se déchirent
ici y’avait un paradis
où l’on volait nos carambars
maintenant y’a plus rien mon zombi
pas même un bordel ou un bar
voici la crèche municipale
sous son badigeon de cambouis
où les générations fœtales
venaient s’initier à l’ennui
cowboys au colt 45
dans la tendresse bleue des latrines
on était tous en manque d’indiens
devant nos bols d’hémoglobine
voici le canal couvert de glace
où l’on conserve les noyés
& là c’est juste la grimace
d’un matou sénile & pelé
mais ses yeux sont tellement zarbis
& son agonie si tranquille
que même les greffiers par ici
donnent l’impression d’être en exil
voici la statue du grand homme
sous le spectre des marronniers
où l’on croqua la première pomme
d’une quelconque vipère en acné
& voici les murs du lycée
où t’as vomi tous tes quatre heures
en essayant d’imaginer
un truc pour t’arracher le cœur
mais t’as jamais vu les visages
de tes compagnons d’écurie
t’étais déjà dans les nuages
à l’autre bout des galaxies
trop longtemps zoné dans ce bled
à compter les minutes qui tombent
à crucifier de fausses barmaids
sur les murs glacés de leurs tombes
un camion passe sur la rocade
& le vent du nord se réveille
mais faut pas rêver d’une tornade
ici les jours sont tous pareils

Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine