dans la clarté morne & glaciale
d’un ténébreux soleil d’hiver
tu te blottis comme un animal
sous les tôles rouillées d’une chrysler
entre une laverie automatique
en train de cramer & un bunker
y’a plus grand-chose de magnétique
sur la bande son de ton flipper…
les gens tristement quotidiens
dans leur normalité baveuse
traînent leur futur d’euro-pingouins
au bout de leurs graisses albumineuses
& toi tu n’sais plus où aller
de cul-de-sac en voie sans issue
t’as juste appris à éviter
les snipers & les tirs d’obus
l’horreur est humaine, clinique & banale
enfant de la haine, enfant de la peur
l’horreur est humaine, médico-légale
enfant de la haine, que ta joie demeure !
sous les regards torves & nighteux
des cyborgs aux circuits moisis
les cerveaux devenus poreux
s’en retournent à la barbarie
& tu traînes tes tendres années
d’incertitude & d’impuissance
parfois tu rêves de t’envoler
de mourir par inadvertance
l’horreur est humaine, clinique & banale
enfant de la haine, enfant de la peur
l’horreur est humaine, médico-légale
enfant de la haine, que ta joie demeure !
dans les dédales vertigineux
& séculaires de ta mémoire
tu froisses un vieux cahier poisseux
plein de formules d’algèbre noire
à quoi peut ressembler ton spleen
ton désespoir & ton chagrin
vus d’une des étoiles anonymes
de la constellation du chien ?
l’horreur est humaine, clinique & banale
enfant de la haine, enfant de la peur
l’horreur est humaine, médico-légale
enfant de la haine, que ta joie demeure !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
l’ours en cage est au pied du mur
en train d’équarrir son dresseur
vapeurs d’oxyde & de luxure
c’est déjà demain & d’ailleurs
c’est juste une visite au musée
pour mater les singes acrobates
avant qu’je donne ma tête à couper
& peut-être ma langue à ta chatte
c’est étrange comme les mots se troublent
à l’intérieur de mon cerveau
chromosomes noircis au chiroubles
au gasoil & à la nitro
il est trop tard pour s’abîmer
dans des scories émotionnelles
je veux mourir estrangulé
sous tes nylons & tes dentelles
peu à peu (bis)
les mouches bleues
les mouches bleues reviennent
& les hyènes
toujours les hyènes
sur la même chaîne
peu à peu je vois s’estomper
les rêves de mon esprit tordu
je commence même à oublier
les choses que je n’ai jamais sues
peut-être eussé-je dû frapper plus
& me lever tôt le matin ?
peut-être encore eût-il fallusse
baby que j’buvasse un peu moins ?
peu à peu (bis)
les mouches bleues
les mouches bleues reviennent
& les hyènes
toujours les hyènes
sur la même chaîne
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
il n’est de jour si long qui ne trouble tes nuits
maléficieux bipède aux yeux brûlant de haine
ton soleil a sombré dans un ghetto de pluie
dans ces rues où s’allument les guérillas urbaines
est-ce ta première fin de millénaire ? (bis)
déjà les chauve-souris s’échappent en ricanant
des parkings souterrains & des bouches de métro
des luna park en ruines, chaotiques, flamboyants
aux disneyeuses gargouilles d’un mickey toxico
est-ce ta première fin de millénaire ? (bis)
le bleu du ciel plombé complètement destroyé
par les gaz hilarants de tes vapeurs intimes
ne filtre plus l’écho de mémoire fossoyée
sous le feu des rayons meurtriers des abîmes
est-ce ta première fin de millénaire ? (bis)
la peste a rendez-vous avec le carnaval
les cytomégalos dansent avec arlequin
commedia dell’arte, cagoules antivirales
masques à gaz, oxygène & costumes florentins…
t’as momifié ton cœur, tatoué ton numéro
bancaire sur les parois internes de ton crâne
tu n’as plus qu’à déduire la gnôle de tes impôts
si tu veux pas crever sans arroser ton âme
est-ce ta première fin de millénaire ? (bis)
les hordes affamées envahissent tes palaces
piétinent ton épitaphe & tringlent sur tes pelouses
trop tard pour leur jeter ta tronche en dédicace
mieux vaut lâcher ton flingue, tes diams & tes perlouzes
est-ce ta première fin de millénaire ? (ad lib)
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
soleil écorché
vestiges éventrés
corps décapités
squelettes éclatés
fragments de silence
dans la transparence
ouatée des écrans
de contrôle-assistance
bruits de bulles (ter)
le rouge de ses lèvres
& le bleu de ses yeux
sur le blanc crayeux
de son visage laiteux
charme ténébreux
des ruines sur les lieux
du crash où se cache
la bête à sept têtes
bruits de bulles (ter)
le temps se coagule
lueurs des rayons
rouges filtrés des néons
lasers & lézards
démons de mon hasard
bruits de bulles (ter)
l’instant se coagule
aurore & rosée
légère & vaporeuse
parfums orangés
de ces nuits orageuses
je m’engouffre en fumée
dans la fissure
cliché désintégré
faille obscure
bruits de bulles (ter)
le temps se coagule
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
débris distordus de skylab
fossilisés sur ta moquette
fines fleurs calcées de baobab
violacées au bout de tes gamètes
comme dans un rébus
tu déchibres tes nuits
ce n’est qu’un début
juste une fin de partie (ter)
vieille odeur de foutre moisi
dans les brumes du vestiaire
où t’échanges ta mélancolie
contre un canon scié winchester
baiser gluant de james joyce
sous le rasoir effilé de tes chromes
whisky-rock-and-rolls-royce
vodka mercurochrome
juste une fin de partie (ter)
où est la sortie ?
chien errant à minuit
devant l’asile fermé des petites sœurs éphémères
tu n’entends plus le cri
le cri (bis)
le cri de tes désirs (bis)
le cri de tes désirs déserts (bis)
où est la sortie ?
juste une fin de partie (ter)
où est la sortie ?
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
oh ! le vent se lève
au large des galaxies
& je dérêve
dérive à l’infini
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! torturé
je m’imagine
en ombre vaporeuse
âme anonyme
errante & silencieuse
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! dépouillé
exigeant l’immortalité
& refusant de retourner
peu à peu vers la face cachée
de la nuit…
vers l’autre monde
dans le dernier taxi
les infos grondent
& le temps s’obscurcit
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! torturé
exigeons l’immortalité
& refusons de retourner
peu à peu vers la face cachée
de la nuit…
oh ! le vent se lève
au large des galaxies
& je dérêve
dérive à l’infini
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! torturé
exigeons l’immortalité
& refusons de retourner
peu à peu vers la face cachée
de la nuit…
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
corbeaux neuro-taxi
fixés au stabilo
sur l’écran confetti
des cauchemars-vidéo
parfums d’ombres-peyotl
au fond des catacombes
avec ces bruits de bottes
qui marchent sur ma tombe
mais que devient le rêveur
quand le rêve est fini ?
l’ange exterminateur
dans une vieille mercury
joue du ventilateur
devant la nurserie
emballages de macdo
boîtes de bière écrasées
aux limites du ghetto
sur le parking brûlé
mais que devient le rêveur
quand le rêve est fini ?
clavier bien tempéré
mais vopo taciturne
couleur d’homme écorché
sur les murs de sa turne
yellow cake nauséeux
reniflant le nabab
aux carrefours charogneux
où pourrissent les macchabes
mais que devient le rêveur
quand le rêve est fini ?
les jambes des meufs qui montent
jusqu’à l’extrême douleur
des vestiges de la honte
aux moisissures du cœur
nostalgie suicidaire
de ceux qui n’ont plus l’âge
de mourir à l’envers
sur un porte-bagages
mais que devient le rêveur
quand le rêve est fini ?
la fille du cosmonaute
explore le terrain vague
autour du noah’s boat
avec un doggy bag
son perfecto trop lourd
sur sa robe de mariée
dans le ronflement sourd
de l’air conditionné
mais que devient le rêveur
quand le rêve est fini ?
l’opéra cristallin
du chœur des crânes rasés
piloté par un chien
aveugle & déjanté
délatte au nunchaku
mes gravures de dürer
pendant que j’mets les bouts
dans un cercueil à fleurs
mais que devient le rêveur
quand le rêve est fini ?
amants numérotés
de 0 à 104
cœurs polymérisés
en relief écarlate
mycoses & staphylomes
dans le barrelhouse
où la danse du fantôme
dégénère en partouze
mais que devient le rêveur
quand le rêve est fini ?
les dandies androgynes
les putains somptueuses
les vénus callipyges
les chiennes voluptueuses
les fleurs de Tijuana
sur fonds d’œil-ecchymose
& les secrétariats
d’état aux maisons closes
mais que devient le rêveur
quand le rêve est fini ?
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
souvenir éphémère
beauté blême & transfert
dans tes jardins d’éden
solitude transparente
de ces longs jours d’attente
à te fixer les veines
tu reviens sur les lieux
où tu pleures quand il pleut
des serpents de neige
comme un arbre mort
au milieu du désert
juste une valse noire
dans le silence des pierres
nostalgie de ces jours
sans haine & sans amour
au fond des villes mortes
la folie dans les yeux
des monstres délicieux
qui traversaient ta porte
ils patrouillent dans ton crâne
ils contrôlent ton âme
& te servent d’escorte
comme un arbre mort
au milieu du désert
juste une valse noire
dans le silence des pierres
vibrations pathétiques
sur le tapis critique
où tu joues pair & noir
voyage au bout du rêve
& tu scelles tes lèvres
aux secrets d’un miroir
ta voix désincarnée
dans l’ombre surannée
& grise de ta mémoire
comme un arbre mort
au milieu du désert
juste une valse noire
dans le silence des pierres
visions subliminales
sur le cœur-terminal
de ta zone carnivore
chuchotement animal
dans la tour de cristal
où gît ton géant mort
comme un arbre mort
au milieu du désert
juste une valse noire
dans le silence des pierres
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
étrange rassemblement de crapauds sur la route
ça tourne au ralenti, en silence & sans doute
qu’il va encore pleuvoir des crânes & des abbesses
des sorcières, des dragons, des stratoforteresses
oh yes ! paranoïd game
mémoire en logiciel, souvenirs innocents
quand la mère supérieure nous arrosait le gland
avec du kérosène & de la soude caustique
en nous faisant chanter le cantique des quantiques
oh yeah ! paranoïd game
homo lunaticus t’es en pole position
avec une madonna dans ta douzième maison
son regard charbonneux, sa gueule en coquelicot
son cul de walkyrie, son cuir sado-maso
oh no ! paranoïd game
mais tu préfères les belettes qui s’rincent au pastagouince
& qui s’encanaillent pas sur jésus 3615
tu préfères les juteuses néanderthaloïdes
qui gloussent en astiquant les chromes de ton droïde
oh yeah ! paranoïd game
le cri des bœufs qui passent, le silence des cloportes
t’es en approche finale sur j&b airport
dégagez les trottoirs, libérez les poubelles
t’as un moteur en flamme & du plomb dans les ailes
oh yeah ! paranoïd game
transe mortelle in vitro, extase en solitaire
entre deux guronsan et trois alka-seltzer
les labos sont en grève & les chimps ont les foies
tous les chiens de pavlov titubent quand ils te voient
oh ouah ! paranoïd game
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
de chili en bloody mary
le ciel est aussi rouge que t’es raide
comme un vieux stick au bout d’la nuit
qu’on éteint sur le waterbed
& ton roadrunner déplumé
vient mendier la fin de mon chewing-gum
avant d’aller s’écarteler
sur le push-bar d’un mobil-home
maalox texas blues (ter)
de cuervos en margaritas
de jack daniel’s en texaco
le vent joue de l’harmonica
sur la route de san antonio
& coincé dans ton pick-up truck
en patrouille sur la 7ème rue
t’hallucines, tu vois donald duck
en train d’besogner un pendu
maalox texas blues (ter)
honky tonk nights & country booze
maalox texas blues
de michelob en budweiser
pas facile d’apprendre à mourir
de l’autre côté du désert
tu vois venir ton avenir
tu titubes au milieu des flammes
de l’enfer d’où renaît le phénix
soldant les débris de ton âme
sous une mustang ford 66
maalox texas blues (ter)
honky tonk nights & country booze
maalox texas blues
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
la terre tremble (ter)
& tu t’essuies la bouche
dans ce qui pourrait être l’écharpe assassine
d’isadora duncan
qui se prit dans les rayons
de la roue
de sa bugatti (quater)
& qui l’étrangligli
& qui l’étrangluglu
& qui l’étranglagla
& qui l’étranglouglou
& glou & glou & glou & glou & glou (bis)
qui l’étrangla ah ! ah !
qui l’étrangla ah ! ah !
enfin bref !
la terre tremble (ter)
& tu t’essuies la bouche
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
elle regarde passer le temps
assise dans son rocking-chair
les yeux fermés
parfois elle sourit au vent
c’est tout ce qu’elle sait vraiment faire
en société
son mari n’est pas un loser
qu’on berce avec des sentiments
tout le monde le sait
mais c’est un homme de grand cœur
qui se présente au parlement
& c’est assez
elle regarde passer le temps
assise dans son rocking-chair
les yeux fermés
parfois elle sourit au vent
c’est tout ce qu’elle sait vraiment faire
en société
ses enfants ont un bon quotient
& seront plus brillants que leur père
sur le marché
ils jouent leur tennis en riant
& claquent bruyamment les portières
de leur VTT
elle regarde passer le temps
assise dans son rocking-chair
les yeux fermés
parfois elle sourit au vent
c’est tout ce qu’elle sait vraiment faire
en société
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
encore un petit café
pour te tenir debout
quand la fille d’à côté
te suspend à un clou
pour aller s’enivrer
avec un autre hibou
pour aller s’accoupler
avec une autre bête
encore un petit café
pour te tenir le coup
essayer de penser
que tu ne penses plus du tout
depuis qu’la môme d’en face
t’as laissé comme un trou
avec à la surface
le vide de la vie
& l’ennui de la nuit
tu veux pas une goldo
ou bien n’importe quoi
un de ces machins qui s’fument
ou un de ces trucs comme ça
qui te feront oublier
qu’y’a cette croqueuse de rats
qui t’a laissé tomber
… tomber !
encore un petit café
pour te tenir debout
avant de retourner
t’ensevelir dans ton trou
avant d’aller rêver
que tu es lumineux
heureux !… heureux !
encore un petit café…
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine
visions moites & brûlantes
de visiteurs ailés
cherchant leur masse manquante
dans le cimetière des fées
gisement néolithique
d’émotions nucléaires
dans l’art cytoplasmique
de ta queue linéaire
terrien… terrien…
terrien, t’es rien !
terrien… terrien…
t’es vraiment rien !
voyage initiatique
à travers les égouts
des écrans cathodiques
éclatés dans la boue
sédiments d’émissions
speakerines hallucinées
reniflant leur leçon
sur l’inutilité
terrien… terrien…
terrien, t’es rien !
terrien… terrien…
t’es vraiment rien !
odieux tes dieux idiots
se meurent d’insolation
derrière les sacs de sable
où tu tires tes neutrons
bouffées indélébiles
vapeurs de belladone
qui soufflent dans les fils
vrillés de tes neurones
terrien, t’es rien !
tes dresseurs d’hippocampes
& de protozoaires
se déchirent & se vampent
dans le froid du désert
pendant qu’une reine livide
au crépuscule barbare
dans un sabbat torride
dans le dernier topless-bar
terrien… terrien…
terrien, t’es rien !
terrien… terrien…
t’es vraiment rien !
frissons dans les vertèbres
montée d’adrénaline
les forces des ténèbres
envahissent tes enzymes
& t’attends ta mi-temps
mité par tes tranxènes
en matant tes mutants
sur la base aérienne
terrien, t’es rien !
visions moites & brûlantes
de visiteurs ailés
cherchant leur masse manquante
dans le cimetière des fées
gisement néolithique
d’émotions nucléaires
dans l’art cytoplasmique
de ta queue linéaire
terrien… terrien…
terrien, t’es rien !
terrien… terrien…
t’es vraiment rien !
Paroles & Musique : Hubert Félix Thiéfaine