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Forever Jung

(Ou comment ne plus confondre C. G. Jung avec C. Jérôme !)

Si les allusions de notre HFT préféré à l’inconscient ou à Freud sont relativement fréquentes et repérables, les références au psychiatre et psychologue suisse Carl Gustav Jung relèvent davantage du subliminal. Mais elles n’en sont pas moins présentes. C’est pourquoi il nous a semblé utile d’apporter ici quelques éclaircissements, nécessairement partiels, sur celui qui fut l’un des co-fondateurs de la science de l’inconscient, et qui à ce titre, bien que demeurant toujours un peu dans l’ombre du maître Freud, n’en a pas moins marqué toute la représentation que l’homme moderne se fait de lui-même, à tel point que le vocabulaire courant à incorporé plusieurs de ses concepts centraux (introverti/extraverti, par exemple).

Il ne s’agit pas d’aborder ici le personnage et l’œuvre de Jung dans son ensemble, mais sous l’angle de la manière dont ils apparaissent chez Hubert-Félix Thiefaine. C’est ce dernier qui, dès lors, fixe le cadre de notre réflexion. Or, Hubert installe explicitement le lien entre création artistique et inconscient, et plus précisément encore, il montre que cet inconscient agit de façon modulée : « La musique, elle vient naturellement de l’inconscient, on peut faire passer son inconscient par la musique, tandis que si l’inconscient ne trouve pas le mot, il y a blocage. Il existe même certains blocages à ce niveau qui peuvent être dangereux, créer des névroses (NDR : « mais qui n’a pas sa névrose ?! »). Cela prouve bien que l’inconscient est chargé de mots. Il faut le lâcher, libérer les mots. Une fois que c’est fait, je peux continuer à écrire des journées entières. Mais il y a d’abord toujours cette période terrible : comment débloquer l’inconscient pour aller plus loin ? » (Rock Style N°19 Février 97). Lacan préciserait même que « l’inconscient est structuré comme un langage »…Mais ce n’est pas pour autant qu’il est facile de le faire parler !

Et Hubert d’ajouter : « Ce que je veux mettre dans les chansons, ce ne sont pas seulement des mots et des mélodies mais c’est mettre de l’âme, faire venir des choses des profondeurs ». Âme, psychologie des profondeurs, odyssée intérieure : autant de concepts jungiens.
Mais si cette profondeur qui émerge dans l’œuvre était propre à l’artiste, s’il ne s’agissait que de son propre inconscient, enfermé dans sa spécificité, jamais cette œuvre ne nous parlerait. « Et pourtant…elle parle », pourrait-on dire, en paraphrasant Galilée. Mais à quelle partie de nous s’adresse t-elle ? On n’en finirait plus de citer les textes d’Hubert qui, au sens strict, pour la pensée rationnelle froide et objective, ne veulent rien dire, et qui pourtant nous parlent. Tous ces collages de mots, aux apparences de « Cadavres Exquis » surréalistes, toutes ces images qui fusent, toutes ces « acrobaties verbales » entrent en résonance avec quelque chose en nous, ou viennent réveiller quelque chose en nous. Comment 17000 personnes peuvent-elles se retrouver à Bercy un soir de décembre 98, avec chacune son histoire, sa subjectivité, sa vision du monde, ses désirs, ses blessures, et vibrer à l’unisson sur les mêmes notes et les mêmes mots ? Il y a là comme un mystère.

Laissons Hubert apporter quelques éléments de réponse : « Un artiste est tout sauf un psychologue, c’est évident. L’artiste est celui qui vit presque intensément sa folie. J’ai sans doute une certaine aptitude à mettre le doigt sur les zones obscures de notre âme et surtout de la mienne. Disons que je mets très souvent mon habit de scaphandrier pour aller sonder un peu mon inconscient et comme l’inconscient collectif existe, certains parts de mon inconscient correspondent à celles d’autres personnes » (HFT News N°7 p4). Ni thérapie de groupe, ni communion mystique où viendraient se dissoudre les individualités, mais une sorte de zone de recouvrement des inconscients, un lien souterrain entre nous tous : l’inconscient collectif. Or, ce concept d’inconscient collectif constitue l’un des apports théoriques majeurs de Carl Gustav Jung. Pour clarifier tout cela, reprenons les choses dans l’ordre.

1- Fragments biographiques

Carl Gustav Jung est né le 26 juillet 1875 à Kessvil, en Suisse. Son père (comme celui de Nietzsche, l’une de ses futures influences majeures…) et son grand-père maternel sont  pasteurs de l’Eglise réformée. Son milieu familial est très imprégné de mysticisme et d’occultisme : on y croit à l’influence réelle du Diable, à la possibilité d’entrer en communication avec les morts, etc. Cette ambiance jouera tout son rôle dans la formation intellectuelle de Jung.
Sa scolarité se déroule dans une certaine solitude. Un jour, au cours d’une bagarre avec un « barbare en culotte courte », il s’évanouit. A la suite de cette affaire, ses pertes de connaissance deviendront fréquentes, l’isolant encore un peu plus. Dès lors, il se tourne toujours davantage vers son monde intérieur. Il conduit des dialogues avec lui-même, s’invente deux personnalités, l’une vouée aux tâches quotidiennes, l’autre rêveuse et proche de la nature. Cette dualité intime deviendra, bien plus tard, un aspect majeur de sa doctrine.
Vers l’âge de 12 ans, il fait un rêve qui aura son importance dans la formation de sa pensée : il voit Dieu déféquant sur la cathédrale de Bâle ! L’image perturbe beaucoup cet enfant croyant, mais dans le même temps, il l’identifie comme s’étant imposée à lui. A compter de ce moment, son attention aux manifestations de son propre inconscient ne se démentira jamais. Il fait encore l’expérience de la dualité, au cœur même de l’homme, du bien et du mal, de l’ombre et de la lumière, de l’image d’un Dieu bon et d’un Dieu malfaisant. Il lui apparaît également que la théologie et l’iconographie chrétiennes sont trop pauvres, tandis que les hérésies, les polythéismes, les mythes, les contes de fées expriment davantage la complexité du psychisme humain.
Plus âgé et en meilleure santé, il deviendra un bourreau de travail, aux centres d’intérêt déjà multiples : psychiatrie, psychologie, archéologie, mythologie, astrologie, théologie, alchimie, orientalisme, etc.
Devenu étudiant en sciences naturelles et médecine, Jung s’épanouit à l’université. Il se passionne pour les débats entre étudiants, présente plusieurs conférences qui ont un certain retentissement et où l’on voit se dessiner les futures lignes de force de sa doctrine. Parallèlement, il continue d’entretenir un rapport très étroit avec la nature, mais aussi avec la « surnature » sous la forme de séances de spiritisme. En toute logique, il oriente ses études de médecine vers la discipline qui embrasse à la fois le biologique et le spirituel : la psychiatrie. Entré comme assistant à l’hôpital de Zurich, il travaille auprès de Bleuler, l’un des pionniers du traitement de la schizophrénie. En 1905, il devient chef de clinique et assure un enseignement universitaire.
Rapidement, il découvre les œuvres de Freud et devient un partisan passionné de la psychanalyse. En 1906, Jung envoie au maître de Vienne, dont la réputation commence à dépasser le cercle des initiés, un exemplaire de son premier livre « Etude sur le test d’association ». Freud apprécie l’ouvrage et invite Jung : ils se rencontrent pour la première fois en mars 1907. Il s’en suivra une relation riche et profonde entre les deux hommes, bien que vingt ans les séparent.
Ensemble, ils vont mener un rude combat commun pour asseoir la psychanalyse. Le dynamisme de Jung est tel que Freud souhaite faire de lui le président de la toute récente Association Internationale de Psychanalyse et qu’il devient rédacteur du Journal de Psychanalyse. Entre 1909 et 1913, ils font, soit ensemble, soit séparément, plusieurs voyages aux Etats-Unis, où ils recueillent un grand succès.
Mais à partir de 1912 déjà, et pour des raisons théoriques sur lesquelles nous reviendrons, des dissensions se font jour entre les deux hommes. Le conflit ne cessera de s’envenimer, en grande partie à cause du peu d’ouverture de Freud aux innovations jungiennes et de sa volonté de conserver la haute main sur les structures (Association, etc.). En 1913, Jung démissionne de toutes ses responsabilités et fonde un nouveau groupe à Zurich.
Sur le plan personnel, Jung est marié depuis 1903 avec Emma, fille d’un riche industriel. Le couple aura cinq enfants. Emma deviendra elle-même analyste, entretiendra une correspondance spécifique avec Freud et collaborera aux travaux de son mari. Les relations au sein du couple Jung deviendront plus houleuses lorsque Carl entamera, en dépit des principes déontologiques les plus élémentaires de la psychanalyse, une relation amoureuse avec l’une de ses patientes. Cela n’empêchera pas Carl de réitérer quelques années plus tard avec Toni Wolff, une autre de ses patientes, qui deviendra également analyste, contribuera à l’élaboration de concepts majeurs de l’œuvre jungienne, et restera sa maîtresse pas moins de 30 ans.
La période de la 1ère guerre mondiale et les années qui suivent correspond pour Jung à une période d’intense activité. Il mène une auto-analyse, écrit, publie, s’occupe du « Club psychologique » nouvellement formé, reçoit en consultation un nombre de patients qui ne cesse de croître avec la notoriété de l’analyste. Toujours passionné par les mentalités et les civilisations, il multiplie les voyages : Maghreb, Mexique, Afrique Noire, Egypte, Inde…A partir de 1927, son intérêt pour l’alchimie devient croissant.
La période de la montée du nazisme en Allemagne n’est pas, disons-le, la plus glorieuse de la vie de Jung. Si rien n’atteste de son adhésion au nazisme, ni même à l’antisémitisme, sa compromission avec le régime est allée assez loin. Il faut dire que la thématique nazie du « retour à la nature » ou aux « forces vitales », les références mythologiques archaïques, etc. n’étaient pas pour lui déplaire. Par ailleurs, l’éviction progressive des psychanalystes juifs constituait pour lui une occasion d’asseoir l’influence de sa propre école, ce dont il ne se privera pas. Il faudra attendre 1940 pour qu’il prenne ses distances.
Après la guerre, et malgré une première alerte cardiaque, Jung poursuit ses travaux de recherche dans tous ses domaines de prédilection, notamment la psychologie de l’alchimie, la théologie, etc. Il collabore étroitement avec le Prix Nobel de physique Wolfgang Pauli. Est fondé en 48 l’Institut Jung, lieu de formation d’analystes jungiens. Sa dernière œuvre, « Réponse à Job » (1952), suscitera une polémique avec les milieux théologiques sur la question de la responsabilité de Dieu dans les malheurs des hommes.
Très actif jusqu’à la dernière année de sa vie, Jung meurt le 6 juin 1961.

2- Au commencement était Freud

Une bonne intelligence de la pensée jungienne exige de revenir quelques instants sur les influences les plus déterminantes de sa formation intellectuelle.
On trouve tout d’abord, nous l’avons dit, une ambiance familiale fortement portée sur une religiosité d’orientation mystique et occultiste. Mais celle-ci n’empêchera pas Jung d’être, très tôt, en proie au doute. Le Dieu d’amour du christianisme est, à ses yeux, trop éloigné de l’expérience intime qu’il fait de cette « terreur sacrée » que lui inspire Dieu. Ses lectures d’adolescent, puis d’étudiant, reflèteront à la fois les tensions intimes, voire les contradictions du personnage, et une certaine cohérence.
On y trouve Héraclite, philosophe présocratique, adepte d’un mobilisme universel selon lequel tout est en perpétuel changement, et de l’idée selon laquelle l’ordre du monde résulte d’un fragile équilibre entre des principes contraires.  On y trouve également Maître Eckhart, théologien mystique du Moyen Age, fondateur de la « mystique rhénane », dont l’influence sur la formation de ce qu’il est convenu d’appeler « l’âme allemande » est aussi peu connue que déterminante.
De façon fort significative, Jung lit à la fois Swedenborg, théosophe mystique et illuministe du 18ème siècle, et son adversaire acharné, Kant, philosophe allemand de la même époque, défenseur, entre autre, d’une conception rationnelle de la religion. Il s’intéresse à Mesmer, médecin allemand du 18ème affirmant l’existence d’un « magnétisme animal », sorte de « fluide vital », susceptible d’être orienté, ce que de nombreux groupes mesmériens ont tenté de faire lors de séances de types occultiste, notamment à Paris, où il était très à la mode.
Mentionnons également la figure de Goethe (1749-1832), ce génie universel, dont nous ne pouvons citer ici tous les talents, titres et ouvrages, et chez qui on retrouve certains traits de la personnalité de Jung : un rapport complexe à Dieu et à la religion, un sentiment quasi-mystique de la nature, une fascination pour l’occultisme et l’alchimie, des centres d’intérêts multiples, une culture abyssale, etc. Jung trouvera dans « Faust » un écho à cette dualité de personnalité que nous évoquions plus haut. Mais Goethe, c’est également le « Sturm und Drang » (« Tempête et élan »), mouvement littéraire préromantique allemand, qui, à partir de Rousseau (ou tout au moins d’une certaine lecture de Rousseau) s’est opposé au rationalisme, aux « règle de l’art » et à « l’esprit des Lumières » du 18ème siècle, au profit d’une réhabilitation de la sensibilité, de l’imagination, de l’intuition, du « génie » personnel, mais aussi des traditions littéraires populaires. Comme dans le Romantisme qui lui succèdera, et qui marquera durablement Jung, on trouve là une conception de la religion, entendue comme expérience mystique, et de la subjectivité humaine débordant largement, dans les deux cas, le strict cadre de la pensée rationnelle.
Il faut encore citer, parmi les influences déterminantes pour Jung, le grand philosophe allemand Hegel, chez qui il trouvera une théorie de la contradiction féconde (la dialectique), mais aussi Schopenhauer et Nietzsche (voir, pour plus de précisions, « Nietzsche Hubert alles » dans HFT News N° 13).

C’est donc sur cette base (et la remarque est d’importance) que va avoir lieu la rencontre avec Freud et avec son oeuvre. Il ne saurait être question de restituer ici l’ensemble des apports théoriques du fondateur de la psychanalyse, tant ils sont multiples et, au demeurant, largement vulgarisés. Nous nous bornerons à quelques rappels, nécessaires à une bonne intelligence des apports spécifiquement jungiens.
La donnée fondamentale de la doctrine freudienne est l’affirmation de l’existence de l’inconscient. Cet inconscient est à la fois psychique (ce n’est pas le corps), actif (il n’est pas le simple réservoir de ce à quoi nous ne pensons pas à cet instant), et important : il serait à la conscience ce que la partie immergée de l’iceberg est à sa partie émergée. Par cette affirmation, Freud ébranle des siècles de philosophie classique, laquelle faisait de la conscience le cœur du sujet, voire identifiait le sujet à la conscience réflexive : « Le moi n’est pas maître dans sa propre maison », dira t-il. L’inconscient a ses propres règles de fonctionnement. Il n’est pas simplement ce dont nous ne sommes pas conscients, mais ce qui ne peut remonter seul à la conscience, à cause d’un mécanisme fondamental : le refoulement. Par cette opération involontaire et inaperçue, le sujet repousse et maintient dans l’inconscient des idées, des images, des souvenirs, des scènes traumatiques, des pulsions dont l’accès à la conscience ou la satisfaction sont rendus impossibles par ce qu’il en « coûterait » à ce même sujet (condamnation par la conscience morale ou sociale, souffrance, etc.). Mais ces éléments, une fois refoulés, restent dotés d’une énergie pulsionnelle et continuent de se manifester, parfois violemment, au cœur du psychisme, jusqu’à troubler le moi conscient sous la forme de symptômes qui les « déguisent » (lapsus, actes manqués, oublis répétitifs, phobies, obsessions, somatisations, etc.), ou encore sous la forme des rêves. On voit donc s’exercer au sein du psychisme tout un jeu de forces, dont le centre est la libido, c’est-à-dire une énergie constituée par l’ensemble des pulsions sexuelles, enracinée dans le corps, se manifestant non seulement sous la forme du désir, mais aussi bien plus largement, par toutes les formes d’attachement, d’élan ou de poussée vers un objet (au sens le plus étendu). Freud montre comment le psychisme met en œuvre des dérivatifs pour toute cette énergie libidinale refoulée sous la pression des interdits sociaux, tels que le rêve, nous en avons parlé, mais aussi la sublimation, c’est-à-dire l’investissement de cette énergie dans des activités socialement valorisées (activités intellectuelles, art, etc.). Il décrit également la formation par stades successifs de cette libido, depuis l’état de nourrisson jusqu’à la puberté, et dont chaque stade correspond à un ancrage de l’érotisme infantile sur une zone spécifique du corps. L’incapacité du sujet à trouver un compromis satisfaisant entre le désir et l’interdit, dont les racines sont à rechercher dans son histoire infantile, conduit à une affection psychique (dont le sujet est conscient), la névrose. Freud fait également cette découverte majeure de l’apparition chez l’enfant, entre trois et cinq ans, du désormais fameux complexe d’Œdipe, caractérisé par une attirance sexuelle pour le parent de sexe opposé et une jalousie haineuse, allant jusqu’au désir de mort (le tout inconsciemment, bien sûr), pour le parent de même sexe. Ce complexe joue un rôle majeur dans la structuration de la personnalité, dans la mesure où la plus ou moins grande capacité du sujet à le surmonter déterminera sa plus ou moins bonne santé psychique. C’est pourquoi l’un des objectifs majeurs de la cure psychanalytique est de pousser à son terme un Œdipe non-abouti (« J’ai fait la queue chez mon papa-psycho »…).
Conscience détrônée, prééminence de la sexualité, affirmation d’un érotisme infantile (y compris sous ses formes perverses), place centrale conférée au désir incestueux, etc., il y avait dans le freudisme de quoi alimenter les passions les plus enflammées. Et les passions s’enflammèrent en effet.

3- Le meurtre du père

La diffusion du freudisme suscita, on l’imagine aisément, bien des réactions hostiles. Rien d’étonnant en cela, explique Freud, dans la mesure où la psychanalyse constitue, après Copernic (la terre n’est plus le centre de l’univers) et Darwin (l’homme est, au même titre que les animaux, un produit de l’évolution), la « troisième blessure narcissique » que l’homme doit supporter. Mais l’engouement fut à la mesure de l’hostilité, et la doctrine emporta l’adhésion de bien des meilleurs esprits de l’époque. Jung fut de ceux-là. Leur collaboration durera, nous l’avons dit, de 1907 à 1913.
Si, dans ce premier temps, Jung adhère sans réserve majeure aux thèses de son maître, l’élaboration progressive de sa propre pensée le conduit à s’en éloigner de plus en plus. Les motifs théoriques de la rupture entre les deux psychanalystes sont nombreux et complexes. C’est pourquoi nous nous n’évoquerons ici que les principaux.
Il y a d’abord une différence d’état d’esprit général. Freud, neurologue de formation, est plus attaché à l’enracinement biologique de la psyché (il écrit même que le jour où la neurologie sera suffisamment avancée, la psychanalyse disparaîtra), plus mécaniste dans ses explications, plus obsédé par le modèle dominant des sciences « dures », et à ce titre, plus méfiant à l’égard notamment de la philosophie. Jung, en revanche, produit d’une formation largement plus ouverte (cf. ci-dessus), largement nourri de religion, de mythologie, de philosophie, etc. développe une approche plus orientée vers la recherche du sens et vers le symbolique que vers la description, statique ou dynamique, de ce qui apparaît souvent chez Freud comme une sorte de « mécanique psychique ».
Fort de cela, on comprend mieux pourquoi, chez Jung, la nature de cette énergie psychique appelée libido n’est nullement réductible à la seule sexualité. Prenant ses distances avec ce que l’on a appelé le « pansexualisme » de Freud, il se refuse à considérer que la richesse et la complexité du monde psychique puissent être rapportées à cette causalité unique de l’impulsion sexuelle, a fortiori lorsque cette impulsion est elle-même ramenée à sa seule dimension biologique. Dans le même ordre d’idée, Jung n’accorde pas à la sexualité infantile, et notamment à la « scène originaire » (représentation fantasmée par l’enfant du rapport sexuel entre ses parents) ou à l’Œdipe le même poids, la même place ou le même sens. Il pense notamment que les forces d’opposition, par exemple au désir d’inceste, ne sont pas exclusivement sociales ou culturelles. Tout ne se joue pas dans l’histoire individuelle précoce du sujet, et le contenu de l’inconscient ne se limite pas au produit d’un refoulement opérant à l’échelon strictement individuel. C’est pourquoi il faut  reconnaître l’existence, à côté de l’inconscient personnel, de quelque chose de plus vaste et de commun à l’humanité tout entière, que Jung nomme inconscient collectif.

4- Positions

Mais il va de soi que les positions de Jung ne se définissent exclusivement par opposition à celles de Freud : elles ont leur logique et leur cohérence propre.
L’imprégnation spiritualiste de Jung le conduit à faire de la libido une énergie mentale non-spécifiée, l’expression psychique d’une énergie vitale primordiale et universelle, dont l’orientation, vers l’intérieur ou vers l’extérieur, permet de distinguer deux types psychologiques fondamentaux (introverti et extraverti). Sa dimension biologique et sexuelle n’est pas niée, mais relativisée par Jung. Loin d’être une énergie simple et univoque, la libido présente une désunion en son propre sein. Elle est par essence conflictuelle, habitée par des forces contradictoires. Ainsi par exemple le désir d’inceste n’est-il pas refoulé après coup par la construction sociale, morale, culturelle, religieuse, etc. d’un système d’interdits, il est d’emblée et au sein-même de l’énergie vitale accompagné de son propre refus. C’est pourquoi chez Jung tout ne se joue pas dans l’enfance, toute souffrance psychique de l’adulte n’est pas réductible à la difficulté de gérer un trauma infantile : il y a une actualité du conflit, qui se déroule en ce moment même au sein du sujet, et tout l’enjeu est de parvenir  à un point d’équilibre, ou plutôt à un dépassement par le haut (on retrouve ici l’influence de Hegel) du conflit.
Cette énergie psychique se traduit (et c’est là un élément central de la doctrine) par des symboles. Les symboles sont une expression matérialisée (dessin, objet…) ou imaginaire (rêve, vision…) de cette énergie dans la psyché. Or, ceux-ci se révèlent d’emblée contradictoires : le feu réchauffe et brûle, l’eau désaltère et noie, le lion est force et brutalité, le père protège et punit, etc. Il y a un dynamisme propre du symbole, dont la signification déborde toujours l’interprétation que l’on peut en donner, et qui va bien au-delà de la simple dissimulation de pulsions inavouables. Le rêve est une manifestation positive de l’état existentiel du sujet (« Mais que devient le rêveur quand le rêve est fini ? »), dont Jung montre qu’il ouvre sur toute une symbolique qui nous lie  à notre environnement culturel, voire à l’humanité tout entière. Par une opération que Jung appelle « amplification », on peut associer à une image de rêve un récit du folklore, des contes populaires, de la mythologie, de la religion, montrant ainsi en quoi la production culturelle collective reflète les situations et les difficultés où se trouve l’inconscient (le combat contre le dragon comme traduction de la lutte contre le désir d’inceste, par exemple).
On le voit bien, la thématique de l’inconscient collectif est ici engagée. Jung en vient à développer ce concept  après avoir constaté, chez ses patients, d’étonnantes convergences de symbolisme entre leurs rêves ou visions imaginaires et des récits mythologiques qu’ils ne pouvaient pas connaître. L’inconscient collectif est le réservoir de motifs, de symboles, d’images devenu héritage psychique des hommes en s’accumulant au fil des siècles. Jung dit de lui qu’il est « le prodigieux héritage spirituel de l’évolution du genre humain, qui renaît dans chaque structure individuelle ». Il existe un fondement impersonnel de la psyché, auquel l’inconscient de chaque individu est relié. La conscience individuelle, dit Jung, n’est que « la fleur d’une saison, qui éclot sur un rhizome pérenne ». Et Hubert de confirmer :  « En explorant mon inconscient, je rejoins l’inconscient collectif, bien que cette notion soit contestée ; il me semble même que si on est marginal, solitaire, on est tout de même formaté par notre environnement culturel » (HFT News N°10 p8). Cet environnement, pourrait-on ajouter, n’étant pas un simple produit accidentel des circonstances, il nous met en contact avec le vocabulaire symbolique universel du genre humain.
L’exploration de cet inconscient (dont l’art constitue l’une des voies) est de la plus haute importance, pour Jung, dans la mesure où l’homme est un être fait à la fois de conscient et d’inconscient, et que l’équilibre psychique réside dans le fait de ne pas négliger l’un au profit exclusif de l’autre. Or, l’évolution historique ne favorise pas le maintien de cet équilibre. Si en, effet l’homme préhistorique, antique et médiéval (chrétien primitif) projetait dans le ciel et son environnement de multiples divinités, forces ou esprits, l’emprise progressive de la « rationalité » exercée par l’Eglise, puis par la Réforme, puis par l’esprit des Lumières, et enfin par le matérialisme et le positivisme (doctrine selon laquelle les sciences exactes constituent le mode ultime d’explication du monde), a conduit à vider l’univers extérieur de ses figures mythiques. Nous entrons, avec la modernité, dans ce que Max Weber appelle « un monde désenchanté », où la réalité a perdu tout son mystère et tout son caractère magique au profit d’un pur rapport d’instrumentalisation technique. Mais un tel rapport au monde ne saurait satisfaire, aux yeux de Jung, toutes les aspirations humaines. Aucune connaissance scientifique, aucune maîtrise technique ne saurait compenser cette perte d’âme, cette désagrégation du sens. D’où cette terrible angoisse qui, de Pascal (« Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie », fait-il dire au libertin, à l’homme sans Dieu) à Sartre en passant par Kierkegaard, caractérise notre modernité. Or, dans l’optique compensatoire de Jung, ce qui se perd d’un côté doit se retrouver de l’autre. Dès lors, si les figures mythiques ne sont plus projetées à l’extérieur, elles résident désormais au cœur même de l’homme. La laïcisation et le désenchantement du monde ont conduit l’homme à retrouver en lui les constructions fantasmatiques. La projection s’est renversée en introjection. Mais encore faut-il, pour ne pas déboucher sur la névrose (définie par Jung comme « la souffrance d’une âme qui cherche son sens ») que ce processus soit maîtrisé (c’est l’enjeu de la psychanalyse) et qu’il ouvre sur de nouveaux processus créateurs (c’est l’enjeu de l’art). Pour Jung, l’un des buts majeurs de la prise de conscience de soi est de permettre à l’homme de « s’individuer », de devenir lui-même,  en trouvant en lui l’instance qui concilie les forces qui l’animent et en donnant une direction à sa vie. C’est l’objet de la cure psychanalytique jungienne, mais c’est aussi un effet possible de la création artistique. Comme le dit Hubert : « Je trouve qu’il y a un intérêt dans la création artistique qui est presque psychanalytique sachant que notre inconscient partage d’autres choses avec l’inconscient des autres. La création, c’est essayer déjà d’inventer pour soi ce qu’on n’a pas trouvé ailleurs. » (HFT News N°15 p 7).
Or, quelle qu’en soit la forme, l’exploration de notre inconscient, et donc de l’inconscient collectif, nous conduit nécessairement à rencontrer ce qui en constitue le « matériau » ou la structure : les archétypes. Il s’agit d’images ancestrales et symboliques appartenant à l’inconscient collectif, et que l’on retrouve nous l’avons dit, dans les rêves, les mythes, les contes, les délires des malades mentaux, les œuvres d’art, etc. Jung montre qu’il ne s’agit pas d’images statiques : elles sont investies d’une charge émotionnelle (cette remarque est d’importance pour notre propos), souvent faite à la fois de fascination et d’effroi. Jung insiste d’emblée sur la dimension énergétique de l’archétype, à tel point que davantage qu’une simple image, il est même une structure productrice d’images, qui lie instinct et image, corps et psyché, organique et affectif.
A travers toute l’histoire, et dans des civilisations bien différentes on retrouve la figure archétypale d’éléments naturels ( le soleil, la lune, l’eau, le feu), de végétaux (l’arbre, l’épi, le fruit), d’animaux (le lion, le serpent, l’aigle, le taureau), de parties du corps humain (le phallus, l’œil), de scènes fondatrices (la fécondation, la mère dévoratrice, le héros tueur de monstre, le trésor caché), etc. De Babylone aux civilisations précolombiennes, de l’Egypte à la Bible, des Indiens d’Amérique aux Vikings, on n’en finirait pas de dresser la liste des figures similaires et des récits convergents, dont les formes et les modalités évoluent, bien sûr, selon les époques.
Jung reconnaît la place prééminente de certains archétypes. Ainsi la figure des parents est-elle particulièrement prégnante. Si chez Freud les « images parentales » sont des projections formées à partir des parents réels, les choses sont inversées chez Jung : le père et la mère charnels sont des incarnations de l’archétype invisible, d’où le caractère « surhumain » de la représentation que s’en fait l’enfant. Autres archétypes majeurs (outre l’Ombre et le Soi, que nous n’évoquerons pas par souci de concision) : l’Anima et l’Animus. Le premier représente la dimension féminine de l’inconscient de tout homme (indispensable pour écrire quelque chose comme « La môme kaléidoscope » !), le second la part masculine de celui de toute femme. C’est cette part de l’autre sexe présente en nous que les hommes projettent sur  les femmes réelles qu’ils rencontrent, et réciproquement pour les femmes. L’Anima peut se retrouver dans des figures mythologiques (Aphrodite, Déméter, Perséphone, Hécate), religieuses (Marie, Bethsabée), littéraires (Lady Macbeth) ou historiques (Jeanne d’Arc) ; l’Animus dans les multiples personnages masculins de ces différentes catégories (Ulysse, Hercule, Jésus, Roméo).  Mais on retrouve une fois encore cette ambivalence foncière dont nous parlions plus haut. La femme est en effet tout autant dispensatrice de vie et de réconfort que séductrice et destructrice, l’homme fort et protecteur ou brutal et terrible (les exemples sont légion).
Sont également présents chez Jung les éléments nécessaires à une conception de la création artistique très approchante de ce qu’Hubert peut décrire « de l’intérieur » (cf. HFT News N°5 p7), ou au mécanismes de l’écriture pratiquée par les surréalistes. Le psychanalyste suisse évoque en effet la technique de « l’imagination active » qui consiste à fixer son attention sur une image (souvent issue du rêve), une situation, une humeur, et à en examiner la libre évolution tout en restant attentif à son contenu. Il s’agit de faire en sorte que l’imaginaire vive sa propre vie, sous le regard, mais pas sous le contrôle, de la conscience. Les plus belles images resteront vaines tant que le moi ne les aura pas arraisonnées par un acte qui sera, suivant les cas, intérieur ou extérieur. Là réside probablement l’une des différences essentielles entre l’artiste et le non-artiste : nous avons tous des images, mais il n’est pas donné à tout le monde d’en faire des œuvres d’art.

Notre présentation de la doctrine de Jung est loin d’être complète, et nous avons laissé de côté bien des aspects (la place accordée aux concepts d’Ombre, de Persona ou de Soi ; l’alchimie, le déroulement de la cure jungienne, etc.) et négligé bien des pistes critiques (l’affirmation du caractère prétendument héréditaire des archétypes, les envolées mystiques, etc.). Mais la finalité n’était pas d’être exhaustif. Il s’agissait plus simplement de s’interroger sur les raisons pour lesquelles les multiples figures invoquées par Hubert dans ses textes nous parlent, nous touchent, nous dérangent, nous donnent le sentiment de si bien traduire ce qui n’était que diffus en nous.
Dieu, Jésus, Marie, Caïn, Abel, Lilith, la femme de Loth, Abraham, l’ange exterminateur ou gardien, Belzébuth ; Iphigénie, Icare, Narcisse, Eros, Orphée, Eurydice, le faune, la vénus callipyge, les walkyries, la Lorelei ; Rimbaud, Diogène, Marilyn, Mojo, Elmo Lewis (sans oublier C. Jérôme) : on n’en finirait pas de relever dans les texte d’HFT les figures religieuses, mythologiques ou « réelles » (quoi que nécessairement mythiques), qui entrent en résonance avec les archétypes qui peuplent notre propre inconscient. Cela suffit-il à expliquer ce qui se passe en nous lorsque nous écoutons les chansons d’Hubert ? Non. Fort heureusement.

Laurent Van Elslande

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Voir les 17 commentaires
  • le Doc
    11 septembre 2016 à 15:10

    @ petit homme :

    Je n’en ferai pas une synthèse, je dirai en un brutal raccourci que Laurent voulait briller dans les yeux du Maître étalon non déposé au Pavillon de Baltard 🙂

  • le Doc
    11 septembre 2016 à 13:26

    , ou de délire littéraire en déliré littéraire !…

    A vous de jouer maintenant Hugo ou Jérôme, avec toute l’affection que je vous porte, pour effacer ce post volontairement provocateur 🙂

  • Le Doc.
    31 mars 2015 à 20:52

    @ spéciale dédicace à .L.V.E :

    La psychanalyse s’arrête quand le patient est ruiné. *

    * .C.G.Jung

  • toc Art
    31 août 2014 à 12:40

    @ petit homme :

    Eckhart a inspiré le psychologue suisse Carl Gustav Jung !…

  • Le Doc.
    2 juin 2014 à 13:44

    En ce qui me co.ncerne je veux transmettre ma lame de fond qui est toujours en surface,

    Bises à vous les autistes.

    p.s : je lis aussi sur les lèvres des vierges

  • Le Doc.
    4 mai 2014 à 10:28

    La philosophie :

    – Qu’est-ce donc ?

    L’étymologie fournit une première réponse : elle est l’amie de la sagesse. Elle est tantôt vue comme un » art de vivre » tantôt comme un » art de penser « .

    – Réflexions :

    Le chanteur est presque autiste comme le rédacteur de ce texte ci-dessus intitulé ‘ FOREVER JUNG ‘, enfin tous deux à mon enco.ntre !

    – Question(s) ?: pourquoi .

    2 questions

  • Le Doc.
    4 mai 2014 à 10:27

    La philosophie :

    – Qu’est-ce donc ?

    L’étymologie fournit une première réponse : elle est l’amie de la sagesse. Elle est tantôt vue comme un  » art de vivre  » tantôt comme un  » art de penser « .

    – Réflexions :

    Le chanteur est presque autiste comme le rédacteur de ce texte ci-dessus intitulé ‘ FOREVER JUNG ‘, enfin tous deux à mon enco.ntre !

    – Question(s) ?: pourquoi .

    2 questions

  • Le Doc.
    3 mai 2014 à 04:34

    , Ha.. merci à toi petit homme d’avoir exhumé les co.nneries de Laurent Van Elslande.

    nostalgie : c’était l’époque d’Eric Issartel et de son excellent fanzine au service d’Hubert, bien meilleur qu’internet mais moins bizness !…

  • Le Doc.
    3 mai 2014 à 04:33

    , ha.. merci à toi petit homme d’avoir exhumé les co.nneries de Laurent Van Elslande.

    Nostalgie : c’était l’époque d’Eric Issartel et de son excellent fanzine au service d’Hubert, bien meilleur qu’internet mais moins bizness !…

  • test
    2 mai 2014 à 21:55

    comment

  • Sigi
    22 juin 2011 à 19:21

    Merci, intéressant de même !

  • Le Doc.
    22 juin 2011 à 01:12

    RICHARD NOLL :

    Jung  » le Christ aryen  »

    Les secrets d’une vie

    Traduit de l’anglais
    par
    Philippe DELAMARE

    PLON
    1999

    QUATRIÈME DE COUVERTURE

    JUNG
    « LE CHRIST ARYEN »

    Carl Gustav Jung fut le disciple, puis l’adversaire le plus célèbre de Freud. Sa théorie des mythes, des archétypes et de l’inconscient collectif a définitivement modelé la culture universelle. Dans ce livre, Richard Noll évoque les soixante premières années de sa vie et révèle un homme habité par l’occultisme, le mysticisme, le néo-paganisme et l’antisémitisme. Dans sa clinique de Zurich, avec ses adeptes qu’il analyse et subjugue, Jung va fonder une nouvelle religion. Il se prend lui-même pour un dieu à tête de lion et séduit ses patientes afin qu’elles retrouvent leur moi ancestral. Parmi elles, notamment, la fille de Rockefeller.

    De nombreux documents et témoignages inédits, recueillis par Richard Noll, dressent un portrait terrifiant de ce Jung inconnu et secret, soigneusement occulté jusqu’à aujourd’hui.

    Richard Noll est américain, psychologue et professeur à Harvard d’histoire des sciences. Spécialiste de Jung, il a publié aux États-Unis Le Culte de Jung.

    Traduit de l’anglais par Philippe Delamare

  • Le Doc.
    22 juin 2011 à 00:39
  • Le Doc.
    21 juin 2011 à 22:10

    , le Doc ou un nouveau tonton flingueur !!!

  • Le Doc.
    21 juin 2011 à 21:31

    , on est en 2011 Laurent Van Elslande et je ne suis pas autant le fosseyeur d’un sigi. , ni un adepte de Michel Onfray ..
    .
    , c’est foux ce que les littéraires ont besoin de se répandre ..

  • Le Doc.
    21 juin 2011 à 21:26

    , l’escroc Jung ou le retour en force au mesmérisme !…

  • Tribal
    21 juin 2011 à 20:50

    Merci, c est un texte fort intéressant !